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La Main qui chante
28 avril 2015

La vieillesse et ce qui s'ensuit

Je ne sais pas pour vous, mais moi, je me sens vieille.

Pas décrépie, usée, non, vieille.

C’est logique : je suis plus vieille qu’avant. Mais, curieusement, si je n’aime pas fêter mon anniversaire (voir l’article à ce sujet), j’attends la vieillesse avec sérénité. Je la sens venir, emplir d’expériences tout mon être.

Je suis le chemin de l’apprentissage de la vie, que les cheveux blancs révèleront un jour comme il convient.

Serai-je Sage ? Certainement pas ! Plus qu’aujourd’hui, certes. Cependant, je garderai les souvenirs, les chants comme des trésors. Les dispenserai comme je le fais aujourd’hui, avant d’oublier. Aux autres de se souvenir, de transmettre. Cela ne fera pas de moi une Sage.

Quand je serai vieille, je continuerai d’apprendre, comme aujourd’hui. Puis viendra le moment de quitter cette forme de vie. A ce moment-là, mon plus grand secret sera certainement l’amplitude de ma frustration, alliée à ce bonheur d’avoir été si loin.

Frustration de ne savoir davantage, de n’avoir vu, entendu, compris mieux encore.

Bonheur de continuer le voyage autrement.

Mon corps est une prison, sachez-le. Une prison de douleurs, d’épuisement. Parfois je peux écrire mais les mots ne sont pas là. Parfois les dissertations entières sur la compréhension du Monde sont sur les lèvres, telles des flux savants et poétiques, et aucune de mes mains ne veut tenir le crayon, aucun doigt n’obéit sans se crisper, hurlant silencieusement.

Mais aussi, ce sera le bonheur d’avoir accompli ce voyage avec toutes ces personnes qui m’entourent. Toutes ces personnes, bonnes ou mauvaises, qui m’auront aidée à grandir.

Je redoute une chose, dans la vieillesse, une seule chose à dire vrai. La tristesse.

Quel dommage de finir une longue vie avec la tristesse comme émotion principale !

Lorsque mon grand-père est mort, certes une tristesse de le voir partir se ressentait dans toute l’assemblée, mais c’était un « bon vivant » qui avait souhaité que l’on s’amuse à la réception de ses funérailles. N’imaginez pas de folie musicale, de rires forcés, seulement le tendre souvenir d’un homme qui aimait la vie. Ne pouvions-nous pas l’honorer de la même façon ?

Il avait vécu jusqu’au bout, je me souviens de ces chansons, de son parler, de son sourire, mon petit grand-père un peu bourru.

Je crois que la sérénité s’acquiert avec le temps.

Parfois, j’ai ces moments d’inquiétude, cette peur de la mort que l’on m’a apprise (surtout en cas de mauvaise conduite). Je panique, à l’idée de ne plus voir mes enfants, ne plus pouvoir veiller sur eux, être séparée de mon époux. Je me mets à détester que les choses puissent changer si cruellement.

Et puis, je me raisonne. Qu’adviendra-t-il de moi, de nous tous ? Nous sommes poussières d’étoiles.

Quoique nous fassions, même transformés en plastique, nous sommes des éléments naturels, assemblés, créés, façonnés. Et comme tout assemblage d’éléments, notre destruction permet de faire vivre d’autres. Nous nous recyclerions, en somme.

N’est-ce pas fabuleux d’envisager nos cellules nourrissant un arbre, s’échouant dans l’océan, virevoltant au vent, que sais-je ?

Qu’importe où mes enfants seraient, en un sens, je serais là. Retournée à la source, avec tous les autres êtres.

Quant à mon âme, ces réflexions et ces émotions, et bien je les transmets avec ces écrits. Dans l’amour que je porte aux miens. Avec les chansons de mon grand-père.

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La Main qui chante
  • La main saisit, caresse, distingue, embellit, comprend, frémit, pleure, trésaille, rit, chante... Ce sont ici des réflexions plus ou moins idiotes d'une humaine curieuse de l'univers. Libre de toute contrainte, voici le chant d'un être de passage...
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