L'éveil de la Fée

J’ai vu les oiseaux, si hauts, si petits
Sans distinguer leurs formes.
Je sais qui ils sont
Leurs ombres les trahissent,
Ne sont pas assez rapides
Pour mes yeux clos.

Je les entends, vols silencieux
Plumes légères et caresses aériennes.
J’aime ces nuits froides
Qui engourdissent ma peau de fée.

Eveil si calme, les doigts
Plongés dans le sable humide…

Lentement, je m’étire.

Le cristal chantant de mes ailes
Emporte avec lui les arômes
De l’Achillée maritime.
Petites fleurs sauvages terrassées
Par la pesanteur d’une Mère
Offrent leur douce senteur
Aux vents qui m’appellent.

Je salue ces êtres qui m’entourent
Ils ont veillé toute la nuit
Sages protecteurs de ma lignée.
Les siècles passent et doucement
Les nuits s’allongent…

L’enfant curieux m’a vue,
L’autre matin dans le creux
D’une roche brillante, irradiante.
Son regard demandait
« Quel âge as-tu, Demoiselle ? »
Tout simplement j’ai souri.

Loin derrière, ses parents
Criaient son nom.
J’aurais voulu dire le mien,
A quoi bon ?

Il est des fées, partout ailleurs
Qui rient, chantent ou pleurent.
Moi je me lève chaque matin
Ravie d’être si bien entourée,
Et tant aimée.

Le nom et l’âge ont disparu,
Reste le bonheur d’avoir vécu.