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La Main qui chante
2 octobre 2014

De l'anniversaire

Je reviens à un moment important dans la vie de tout le monde : la fête d’anniversaire.

Voici un moment bien singulier n’est-ce pas ? A moins que vous ne le trouviez normal… Et bien, moi, non. Je pars d’un principe simple : je n’ai pas choisi ma date de naissance. Je n’ai même pas décidé de vivre (de manière consciente). Alors pourquoi, lors de mon anniversaire, vient-on vers moi ?

Je savoure, chaque année, les attentions de mes proches –et moins proches (merci Facebook). Et même si cela me conforte dans l’idée que j’ai de l’importance pour certaines personnes, et pas forcément celles auxquelles on pourrait penser de prime abord, je dois rester réaliste : cela me gêne.

D’une : mes parents sont à féliciter avant moi. N’est-ce pas ma mère qui a souffert de l’accouchement ? Qui a donné son temps et son énergie pour me nourrir dans les mois suivants ma naissance ? Ne sont-ce mes parents qui ont tout donné et fait pour me rendre vivante, heureuse ? Et pourtant, non. Les gens se tournent vers moi. « Joyeux anniversaire ! » Ne serait-ce pas l’équivalent de la célébration d’un « non-choix » ?

De deux : cette expression arrive à point nommée. Elle vous rappelle, simplement, que vous vieillissez. Les plus vieux que vous vous prodiguent conseils et impressions, les plus jeunes creusent l’écart en affirmant avoir gagné sur le Temps. Voilà, vous vieillissez, alors on vous le rappelle. Chaque année est munie d’un chronomètre, d’un décompte qui, silencieusement, douze mois durant, observe, et attend.

Dans les deux cas… Dans les deux cas, je n’ai jamais le choix. Je ne parle pas d’éviter le Temps, je parle de vivre. Tout simplement. A dix ans, on n’est plus un enfant –enfin plus tout à fait. A vingt ans, on est majeur –mais pas encore tout à fait autonome. A trente ans, on est autonome, libre comme l’air –et responsable du poids du monde. A quarante ans… Je vous dirai ce que j’en penserai. A chaque âge, sa fonction. On accepte, on n’accepte plus. Et si un enfant grandit plus vite, ou moins vite ? Il sera d’office « différent ». On devra prendre le temps pour un enfant lent, être conciliant, voire l’excuser à chaque non-acquisition due à son âge temporel. Pour l’enfant rapide, on n’omettra pas non plus de s’excuser (avec le sourire par contre) pour ses questions pointues.

Moi, j’ai toujours été lente. Et on a toujours trouvé une excuse. J’ai été malade, je suis née en fin d’année (si si, on me l’a dit et redit sans honte). En n’oubliant pas de bien boucher les oreilles quand je disais « Mais Untel est né aussi en fin d’année, il a deux ans d’avance… », « Mais Unetelle est plus jeune que moi et a mon niveau scolaire… ». Allez, oui, ensuite, allez croire ce que vous disent les autres !

Je suis lente. Et alors ? Faut-il s’en excuser ? Qu’attend-on de moi à chaque anniversaire ? Que je grandisse, que je devienne… « normale » ? Combien de fois ai-je désiré, voulu, demandé à être grondée pour ne pas avoir eu la moyenne ? Lorsque je voyais les autres être réprimandés s’ils avaient franchi le cap des douze sur vingt (dans le mauvais sens), je me demandais « pourquoi ne me gronde-t-on pas quand j’ai seulement eu (encore) neuf ? ».

Voilà. Comment on apprend la notion de différence.

C’est curieux, n’est-ce pas ? Que je me souvienne de tout cela à chaque anniversaire ? Comme si j’attendais un miracle. Ca y est, j’ai officiellement une année de plus. Je suis peut-être enfin comme les autres. A leur niveau ?

Et on se rend compte que non. On a toujours été la plus lente. La plus fragile, la plus jeune. Et on le restera aux yeux des autres. J’ai été cataloguée. Lorsque je me suis rendue compte de ma différence, il était trop tard. Je suis, reste et resterai cette enfant.

J’ai attendu que les années passent. J’ai décroché des diplômes, sans jamais redoubler. J’ai travaillé tellement, tellement, pour avoir droit à cette égalité. Pourtant, j’en suis au même point. Même mon visage me fait défaut. L’autre jour on m’offrait des réductions (la carte d’identité rétabli la vérité). Trouver un travail devient galère (vous êtes/faîtes trop jeune). Même en association, on croit que j’habite encore chez mes parents. Ou que je suis étudiante.

Combien de femmes voudraient être à ma place ? Paraître plus jeune, le rêve n’est-ce pas ? Et bien non. Je voudrais seulement faire mon âge. Aujourd’hui, je mets du maquillage. Non pour me rajeunir, mais pour me vieillir.

J’ai une année en plus. Et pour ne vexer personne, je dois sourire et plaisanter lorsqu’on me complimente sur ma jeunesse.

Un jour, peut-être qu’un jour je serai vieille ?

 

Enfin, je voudrais faire un appel. Si on vous aime, si on veut vous faire plaisir, et que vous ne savez pas quoi choisir, vous n’avez aucune préférence de cadeau, vous avez peut-être « tout » (ou ce qu’il vous faut)… Pourquoi ne pas vous offrir un cadeau interposé ? J’ai ce qu’il me faut. Peut-être que d’autres ont besoin d’objets utiles. Je crois qu’un jour, je m’offrirai un cadeau solidaire. Vu que mes proches ne le veulent pas (s’ils dépensent de l’argent, c’est pour moi et non pour un inconnu), je le ferai. Ca me plaira ! ^^

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  • La main saisit, caresse, distingue, embellit, comprend, frémit, pleure, trésaille, rit, chante... Ce sont ici des réflexions plus ou moins idiotes d'une humaine curieuse de l'univers. Libre de toute contrainte, voici le chant d'un être de passage...
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