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La Main qui chante
2 octobre 2014

De la mémoire défaillante

Les textes précédents ont été écrits il y a plus d’un an. Je les ai mis ici parce que je les trouve sympathiques.

Ce jour d’octobre, me voici de nouveau avec le clavier sur les cuisses.

Pour tout vous dire, j’ai dû mal à écrire. Ou taper sur les touches, en l’occurrence.

Tout d’abord, il y a ce cerveau qui fait des siennes. J’arrive à parler, à écrire, jouer, chanter… Rien de grave me direz-vous. Mais voilà : je suis littéraire. Amoureuse des mots, des phrases. Depuis plusieurs mois, petit à petit, je constate des difficultés.

Minimes d’abord (on cherche ses mots, un vocabulaire plus limité que d’habitude).

Alors on tente de remédier à cela : prenons un livre ! Lisons, rien de mieux pour rétablir un semblant de conversation ! Le livre, le voilà, il nous tend les bras avec sa couverture soignée, ses belles lettres, … On l’ouvre, on s’assoit dans un endroit calme, et on savoure…

Ah… Bah en fait… On ne savoure pas tant que ça.

Difficile de comprendre. Les mots, c’est bon. Les phrases simples, ça passe. Mais les phrases plus longues, rien. Et quand je comprends…  J’oublie.

Qui a dit quoi ? Ah, c’est le capitaine… Mais à qui il dit ça, c’est qui « elle » ? Pourquoi il parle de mutinerie, j’avais pas compris ça, moi…

Aaaaaahhh la joie de la lecture !

Au lieu d’avaler un livre de 300 pages en ½ journée, me voilà à tourner les pages dans un sens, puis dans l’autre, murmurant les noms, les actions, tentant de rétablir la vérité.

Depuis plusieurs mois, il n’y a qu’un seul livre que j’ai réussi à lire. L’Edda de Snorri Sturlusson. Aucun autre. Bon, si, peut-être un Oui-Oui de temps en temps pour les enfants (faut pas exagérer). Mais je fais quoi de ma collection de Molière, Corneille et Diderot ? Je ne comprends plus rien à Baudelaire, j’ai l’air maline…

Et puis, il y a la lecture à voix haute. Buter sur les mots quand on lit « La Belle et la Bête » aux enfants…

Ne plus réussir à théâtraliser sa lecture.

Ben oui, quand on ne comprend pas que la Bête hurle sur le père de la Belle, on ne peut pas hurler en lisant pour impressionner les enfants (ou les faire rire).

 

Que ce soit clair.

Je n’ai jamais été physionomiste. Incapable de me souvenir des visages de mes camarades d’enfance. Incapable de reconnaître dans la rue un voisin que je croise tous les jours (sauf s’il a les mêmes habits et EXACTEMENT la même allure). J’oublie les dates, les rendez-vous, la liste des courses (ah bon, c’est aujourd’hui les courses ?).

Parfois, je suis incapable de donner mon numéro de téléphone. Comme si le cerveau avait tout effacé sans que je le sache.

En pleine conversation, j’ai une absence. Incapable de me souvenir de quoi on parle, ce que je voulais dire. Ce qu’a dit l’autre personne.

Il m’est arrivé d’oublier quelle est la pédale d’accélération, celle de freinage. (oui, en voiture…)

Mais il me restait les mots. Le jeu des phrases. Définir et différencier des vocabulaires similaires. (Là, vous voyez, je suis contente d’avoir trouvé le mot « similaire ». Il y a des jours où je m’arrache les cheveux à le trouver…).

Mes phrases sont bien plus courtes qu’avant. Plus saccadées. A l’écrit comme à l’oral. Car je peux oublier, en milieu de phrase, ce que j’ai dit au début de la phrase.

C’est terriblement frustrant. Je pense toujours à des choses. Futiles ou moins futiles. Mais je les oublie.

Imaginez que vous avez prévu de faire des courses.

Vous vous armez de votre crayon et faites votre liste. Vous prenez votre liste. Vous allez au magasin, et prenez consciencieusement chaque produit écrit dessus. Mais à chaque fois que vous passez au produit suivant, vous en perdez un précédent.

Voyons : thon, huile, carottes, boulgour… Vous prenez le thon, l’huile, les carottes. Arrivé au rayon boulgour, vous avez perdu le thon (voire l’huile) et vous n’avez aucune idée de ce que vous aviez dans votre caddie ni où vous l’avez égaré. Vous savez seulement que vous aviez plus de choses dans le caddie.

Alors : frustrant ou pas ? (je vous laisse imaginer la suite de la liste ;) )

Ce qui est rassurant, c’est que ce n’est pas la première fois.

Ce qui l’est moins, justement, c’est que ça recommence.

J’ai une vague de « déconcentration intense». Dire que j’étais censée travailler dans l’administratif…

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  • La main saisit, caresse, distingue, embellit, comprend, frémit, pleure, trésaille, rit, chante... Ce sont ici des réflexions plus ou moins idiotes d'une humaine curieuse de l'univers. Libre de toute contrainte, voici le chant d'un être de passage...
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