Cri du coeur - Demain ira mieux
Quelque chose me chiffonne.
Je voulais être archéologue, parcourir le monde, ou explorer des lieux inconnus en France, creuser la terre, comprendre pièce par pièce le puzzle de l’histoire. Rencontrer des gens, connaissances, amitiés, vibrations et passions.
Me voici, maternité bénie par trois fois, épousée, handicapée, quelque part en France.
J’ai la prison la plus conforme que l’on puisse vouloir aux autres.
Ce n’est qu’une vie, il y en aura d’autres.
Mais ce sentiment de dépendance, de privations, me gâche cette vie.
Futile, fragile petite vie.
Je suis aimée, appréciée, je fais rire les gens ; Parfois je m’énerve, c’est ainsi.
Mais combien peuvent sentir cette tristesse au fond, tout au fond?
Ce n’est pas de la colère. Ce jour, fatiguée, la frustration, cet agaçant auto-ressentiment se métamorphose en tristesse.
Lassitude chrysalide.
Quel papillon mûrit à l’intérieur ?
Je doute qu’il ait des ailes colorées, peut-être même seront-elles atrophiées.
Pourtant je travaille, chaque jour, même quand la brûlure insidieuse s’invite au cœur de mes os.
Je continue de marcher, chaque jour, même si ce n’est que dans la maison. Je continue d’écrire, même quand ce ne sont que des mots sans suite. Je continue de chanter, de conduire, de consoler, de me faire belle, de sourire, de rêver, de rêver, rêver encore…
S’il ne s’agissait que de moi, chaque rêve aurait pris forme, ou m’en serait suffisamment approchée pour la toucher du bout de l’ongle.
Mes amours, mes geôliers.
Papillon attrapé regarde gardiens vivre.
Libellule mutilée attend prochaine brise.
Oiseau enfermé dort sa vie.
Humaine patiente saura encore rire.